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Prologue
La reine courait à travers les innombrables
couloirs du palais, l’âme inquiète, le cœur paniqué. Elle courrait comme si sa
propre vie en dépendait, les pieds nus et le souffle court, elle n’aurait
ralenti pour rien au monde.
Elle
ne pensait à rien, elle ne le pouvait pas. Elle se contentait de courir le plus
vite possible à travers le dédale de couloirs qui lui paraissaient s’étendre à
l’infini.
Dans
sa poitrine, son cœur battait au rythme de sa course effrénée, si bien qu’elle
avait eu le sentiment qu’il pourrait exploser à tout moment. Derrière elle, les
servantes se hâtaient, tentant de l’apaiser grâce à de douces paroles mais elle
ne les entendait pas. Le seul bruit qui lui était audible était le
tambourinement acharné de son cœur.
Les
magnifiques peintures murales, représentant des scènes importantes de la vie du
couple régnant lui apparaissaient en cet instant comme des tâches floues à
l’importance surfaite, sa vie réduite à néant.
Quand enfin elle eut atteint son but, elle
s’arrêta et le temps s’immobilisa.
Dans
la chambre sombre éclairée par les lampes à huile aux senteurs bienfaitrices
régnait une atmosphère glaciale presque palpable.
C’est
là qu’elle le vit, étendu sur un lit en ébène massif aux pieds ornés d’ivoire
et d’or sur lequel était représentée la figure grimaçante de Bès, divinité
éloignant les démons de l’âme du dormeur. Mais pas ce soir. Ce soir, ils
avaient réussi à passer cette barrière, le harcelant, et le poussant à
l’agonie. Lentement, la reine s’approcha de son époux mourant et pourtant à
l’aube de sa vie.
- Je vais partir Akhésa, je le sens…
La plaie béante à son genou avait éveillé en lui
une fièvre mortelle qui le consumait depuis maintenant trois jours. Durant tout
ce temps il avait combattu avec bravoure, un combat malheureusement perdu
d’avance.
- Ne m’abandonne pas… lui murmura t-elle
cependant, retenant ses larmes et s’efforçant de garder sa royale dignité. Je
serais perdue sans toi… L’Egypte sera perdue sans toi.
- Toi et moi savons que c’est faux… et puis,
un jour nous nous retrouverons…
Le
roi grimaça de douleur et la reine sursauta avant de poser une main sur le
front brûlant du malade.
- Je te le promets, nous nous retrouverons … poursuivit-il avec
peine. Je t’aime Akhésa.
Pharaon fut parcouru d’un ultime élan de douleur
avant de rendre son dernier souffle. Il était mort si tôt qu’il n’avait pas eut
le temps d’affirmer son pouvoir, qu’il n’avait pas eut le temps de vivre, tout
simplement.
Effondrée,
la reine posa sa tête sur la poitrine inanimée de son jeune époux et laissa couler
ses larmes trop longtemps retenues.
Oui,
un jour,
ils se
retrouveraient.
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